Depuis le 9 Décembre, des manifestations se sont produites dans des dizaines de villes italiennes pour dire “assez” au gouvernement Letta, pour demander que “tous les élus s’en aillent” et contre l’augmentation des impôts. L’appel à manifester a été lancé par un comité de promoteurs (“Coordinamento 9 dicembre”) et par des petits syndicats des camionneurs et des agriculteurs. Artisans, commerçants, petits entrepreneurs se sont joints aux protestations. Le mouvement a pris le nom de “Forconi” (fourches) déjà apparu en Sicile en 2012.
Ces manifestations ont réuni des personnes qui vivent des grandes difficultés liées à la crise économique (perte du travail, appauvrissement…) mais aussi des jeunes, des chômeurs, des hooligans (notamment à Turin où des heurts se sont produits entre manifestants et policiers). Des barrages routiers ont étés mis en place sur routes et autoroutes : à Rome, en Vénétie, en Campanie, autour de Milan, à Palerme, Catane et à la frontière entre l’Italie et la France à Ventimille. Bien que les média aient donné une grande attention aux manifestations, le nombre des participants n’est pas élevé.
Même si plusieurs promoteurs et manifestants ont déclaré l’absence d’une connotation politique en soulignant qu’ils n’étaient que des italiens qui en ont marre de la politique et des mesures d’austérité, dans plusieurs villes les mouvements d’extrême droite (notamment Casa Pound et Forza Nuova) ont cherché à surfer sur la vague des protestations. À Rome Adriano Tilgher, néofasciste et leader du mouvement Avanguardia Nazionale dans les années ‘60-’70, a parlé aux manifestants en disant : “Cette place me rappelle janvier ’68 quand à Valle Giulia on avait les rouges et les noirs contre le pouvoir”. Dans les photos et les vidéos des protestations on voit également beaucoup de bras tendus et de drapeaux italiens. À Turin plusieurs commerçants ont du fermer leurs magasins suite aux menaces de certains groupuscules de manifestants. À Savona, les participants à la protestation ont cherché à faire irruption dans une librairie en criant “Brûlez les livres!”
Des vidéos qui montrent (ou qui semblent montrer) les policiers qui fraternisent avec les manifestants ont circulé sur les médias et les réseaux sociaux. Un syndicat policier, le SIULP, a confirmé un de ces moments de fraternisation. Beppe Grillo, leader du M5S, a profité de la situation pour écrire une lettre ouverte aux responsables de l’armée, des carabiniers et de la police : il leur demande “de ne plus protéger cette classe politique qui a mené l’Italie à la débandade”. Par contre, aujourd’hui, à l’Université La Sapienza (Rome), les policiers n’ont pas enlevé leurs casques et ils n’ont pas hésité à charger les étudiants.
Le mouvement des “forconi” a surpris la politique et la gauche italienne : un grand débat est en cours en ce moment entre les différentes composantes de la gauche. Est-ce qu’il faut être présent dans les places pour écouter les raisons des participants et pour éviter que l’extrême droite gère la protestation? Ou est-ce qu’il faut dénoncer ce bizarre mélange entre extrême droite, petits entrepreneurs et populisme?
Sans doute, cette situation a rappelé les premiers moments du mouvement fasciste en Italie dans les années ’20, comme Olivier Favier souligne dans son article “Italie: le fascisme qui vient?” (en soulignant aussi les “similitudes avec les récentes démonstrations de force des Bonnets rouges en France”).
Sources:
IT
espresso.repubblica.it/attualita/2013/1…
www.linkiesta.it/forconi-fascisti
www.ilpost.it/2013/12/11/forconi
furiacervelli.blogspot.it/2013/12/il-fo…
www.huffingtonpost.it/2013/12/11/forcon…
www.infoaut.org/index.php/blog/editoria…
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Mon premier article en français pour Struggles In Italy!
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